vendredi 30 novembre 2007

Ma soeur

18 mois seulement nous séparent... Une éternité!

Elle était si vive, si aimée de tous. Je me suis toujours calquée sur elle. Mes comportements dérivaient de ses dires, de ses actions, en réaction, par volonté d'imitation... J'ai toujours su qu'elle était une enfant désirée et moi un "accident". J'ai toute ma vie "expié" cette faute qui ne m'est pas imputable. Et elle aussi, prenant toujours soin de moi, s'interposant entre moi et les coups de mon père. Me défendant lorsque dès l'école primaire je prenais le rôle de la victime.

A l'adolescence, comme elle séduisait qui elle voulait, qu'elle avait qui elle voulait, je me refusais à tous, craignant le refus, d'être rejetée. Ceux qui la dénigraient je les ridiculisais par la parole: personne d'autre que moi n'avait le droit de la critiquer!

Elle avait mauvaise réputation? J'en rajoutais dans l'obéissance, la docilité, je travaillais à fond mes études. Puis elle s'est casée. Devenant une épouse, puis une mère "parfaite". Par imitation je me suis mise en couple, mais pas avec l'homme qui me convenait. Mais pour ne pas faire de vague, pour me fondre dans la masse, je subissais tout. J'étais une serpillière. Ses mots me torpillaient. "Christophe ne te mérite pas, c'est un connard doublé d'une loque... Quand vas-tu réagir et te trouver un mec bien?" Sa lucidité quant à mon couple me surprenait. Malgré une intelligence moyenne, elle a toujours su déjoué mes stratagèmes, vu clair en moi.

Devenue célibataire, je croyais m'être libérée de cette relation avec elle. J'avais servi durant des années de nounou dévouée et gratuite. Puis rien. Pendant des mois je les ai évités. Le petit m'a alors repoussée, moi qui changeait ses couches tous les jours, j'étais devenue la "méchante". J'ai davantage vu mes neveux qu'elle certaines semaines. Puis durant cette dernière année, j'ai peu "gardé" les "fauves". Je ne m'en sentais plus capable.

Depuis quelques semaines, on réapprend à se connaître. Elle me découvre et c'est réciproque.

Je l'aime bien. Mais ses mots me blessent régulièrement. Je suis sure que si je lui sortais les nombreuses phrases sorties sans intention de nuire gravées au fer rouge dans ma tête, cela lui ferait mal. Alors je me tais. J'ai besoin de son soutien. Quand ça va vraiment mal, c'est la première à foncer vers moi, pour me bouger, me remonter le moral.
C'est ma soeur. Pour la vie.

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